La famille traditionnelle en voie de disparition ?
Un enfant sur quatre vit avec un seul de ses parents. Dans un cas sur dix, il est élevé au sein d'une famille recomposée. C'est le constat surprenant d'une étude de l'INSEE. Les séparations augmentent-elles après la naissance d'un bébé ? Est-ce le père ou la mère qui a le plus souvent la garde ? Retour sur ces parents, nouveaux architectes de la famille…
Plus de 4,3 millions d'enfants vivent dans une famille monoparentale ou recomposée. C'est le résultat d'une étude de l'INSEE publiée en juin 2003.
De plus en plus de divorces
Tout le monde l'a constaté autour de lui, aujourd'hui de nombreux couples se séparent et les unions "pour la vie" sont de plus en plus rares. Le nombre de mariages qui se terminent par un divorce est de plus en plus important : 35 % actuellement selon l'Institut national des études démographiques (INED) et pratiquement une union sur deux dans certaines grandes villes ! En 1998, 116 000 divorces ont ainsi été prononcés. Le pic se situe entre 30 et 50 ans. Dans l'ensemble de l'Union Européenne, la proportion est de trois mariages pour un divorce, contre quinze pour un il y a quarante ans. Et les divorcés ou séparés ne se remettent généralement pas en couple aussitôt.
Quand élever se conjugue au singulier…
La famille traditionnelle en voie de disparitionConséquence de la hausse des divorces : 3,8 millions de ces bambins, adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans vivent avec un seul de leurs parents, sur les 16,3 millions d'enfants qui vivent encore au domicile familial. Parmi eux, 2,7 millions vivent avec un seul de leur géniteur et 1,1 vivent avec un parent et un beau-parent. Pour l'INSEE, les familles recomposées incluent également celles dans lesquelles l'enfant vit bien avec ses deux parents mais aussi avec des demi-frères ou demi-soeurs. 513 000 enfants sont dans ce cas. Au total, ce sont à peu près trois enfants sur dix qui ne connaissent pas une "famille traditionnelle".
Le boom des familles recomposées
Le nombre d'enfants en familles recomposées n'a cessé d'augmenter. Selon les chiffres de l'INSEE, ils sont 11 % de plus en 1999 qu'en 1990. D'autre part, le nombre de foyers qui voient cohabiter des demi-frères et des demi-soeurs est passé de 6 à 13 %. Il faut noter que les parents isolés ne se remettent pas tout de suite avec un nouveau conjoint : seuls 5,4 % des enfants ont connu un "nouveau papa" ou une "autre maman" moins d'un an après la séparation de ses parents. En moyenne, les enfants de 13 ans avaient 4 ans lorsque leurs parents se sont séparés et 8 ans lorsqu'ils ont retrouvé un beau-parent. Ils ont donc connu quelques années de famille monoparentale. Un phénomène qui ressort de l'étude : les enfants de familles recomposées ont tendance à quitter plus tôt le domicile des parents : un an avant en moyenne. Sont-ils plus autonomes ou ont-ils plus vite envie de quitter la maison ?
Avec papa ou avec maman ?
Si les séparations ont augmenté, la garde reste l'apanage de la mère : 84 % des enfants vivant dans une famille monoparentale sont avec leur maman. Cette situation est beaucoup plus nuancée dans les familles recomposées, où 37 % des enfants vivent avec leur père. Selon l'INSEE, cela est surtout lié au fait que les hommes se remettent plus rapidement en couple, d'autant plus s'ils ont un enfant à charge. A l'inverse, les femmes restent seules beaucoup plus longtemps, et encore plus si elles élèvent l'enfant. Par exemple, quatre ans après la séparation, 44 % des pères sont à nouveau en couple contre 28 % des mères. Il est donc normal de trouver plus de pères avec enfant dans ces familles recomposées.
Comment gérer la remise en couple ?
Il n'existe pas de modèle idéal de famille, chaque foyer étant particulier. De manière générale, les enfants savent s'adapter à chaque situation. C'est le cas dans les familles recomposées, où le nouveau conjoint peut parfaitement trouver sa place. Bien sûr, il ne s'agit pas de se substituer au nouveau parent, mais de réussir à créer une nouvelle cellule familiale ou le rôle de chacun est bien défini. Seul bémol pour de nombreux pédopsychiatres, la remise en couple trop rapide, qui risque de ne pas durer. En effet, l'enfant ayant déjà vécu une séparation, il risque d'être déstabilisé par une ou plusieurs nouvelles ruptures. C'est pourquoi certains spécialistes n'hésitent pas à recommander aux parents isolés de ne présenter leur nouveau conjoint qu'après une période suffisante pour s'assurer de la solidité de la relation… Reste également à gérer les relations entre les nouveaux demi-frères et soeurs, pas toujours évidentes. Durant cette période charnière, l'aide d'un spécialiste peut aider à surmonter les difficultés et démarrer du bon pied cette nouvelle famille !