Apprenez à dire non
N O N : vous avez du mal à articuler fermement ce petit mot, et vous retrouvez souvent piégé(e) ? Un peu de courage, faites connaître clairement aux autres votre refus d'obtempérer. Cela s'apprend !
Votre patron vous demande de rester plus tard ce soir, votre enfant veut sortir pour la troisième fois cette semaine, votre frère veut vous emprunter 10 000 francs… Vous n’êtes pas d’accord ? Dites-le ! Trop souvent, nous cédons aux pressions et lâchons à regret un "oui", simplement parce que nous avons peur des conséquences de notre refus.
"Exprimer son désaccord nous oblige à être actif, à remettre en question l'ordre établi, explique Marie Haddou, psychologue clinicienne et auteur de "Savoir dire non" (éd Flammarion)". Dire non, c'est accepter de devoir ensuite s'expliquer, négocier avec l’autre. C’est aussi s'exposer à des critiques, à des rancunes, passer pour un sans-coeur, un casse-pieds. Cette peur d'être mal jugé renforce l’état de dépendance dans lequel nous nous trouvons vis-à-vis des autres. C’est pourtant indispensable si l’on veut affirmer sa personnalité et être vraiment soi-même…
Voilà six conseils à mettre en pratique pour ne plus "se faire avoir" :
1 - Ne culpabilisez pas
Pas facile de s’affirmer sans passer pour une personne avec un sale caractère. Pour obtenir un "oui" de votre part, tous vos demandeurs, proches (famille, amis) ou éloignés (commerçants, patron…) vont tenter de vous culpabiliser. Stop ! Ne vous laissez pas influencer : votre refus ne doit pas vous remettre en cause. Ne cédez surtout pas au chantage, notamment affectif.
2 - Ne vous précipitez pas
Prenez votre temps pour peser le pour et le contre et donner votre réponse… même, ou surtout, si vous sentez qu’on vous presse pour obtenir plus vite et plus facilement votre accord. N’hésitez jamais à demander un délai de réflexion "je vais y réfléchir".
3 - Préparez-vous
Opposer un refus est toujours source d’anxiété : apprenez à gérer celle-ci, tout particulièrement en prenant conscience des pensées automatiques négatives que génère votre volonté de refus. Remplacez vos monologues intérieurs ("ça tombe toujours sur moi", "je ne suis pas très sympathique") par des pensées réalistes ("j'ai le droit d'exprimer mes opinions"). Fabriquez-vous des expressions toutes faites que vous n’aurez qu’à sortir de votre poche : “je suis sincèrement désolé, mais ma réponse est non” ou “je regrette vraiment, mais je préfère m’abstenir”…
4 - Soyez tacticien
N’agressez pas votre interlocuteur : préférez le "je" ("je ne peux pas te prêter d’argent") au "tu" ("tu n’as jamais un centime"). Adoptez des techniques connues des psychologues, par exemple celle dite "du disque rayé". Elle consiste à répéter sans discontinuer votre opinion, quelles que soient les objections de votre interlocuteur, jusqu'à ce qu’il les entende "je suis désolé(e) mais j’ai un rendez-vous" ou "ce meuble me plaît mais je n’en ai pas les moyens". Autre technique, l'écran de brouillard consiste à paraître accepter les critiques sans abandonner votre point de vue : "je sais, ce n'est pas très gentil de ma part mais je peux pas t'aider ce week-end". Ces deux attitudes particulièrement décourageantes pour votre "demandeur" devraient lui faire lâcher prise rapidement. Là encore, entraînez-vous !