Surpoids : deux périodes clefs durant l'enfance
On sait aujourd'hui qu'un gain de poids trop rapide dans les premières années de vie est associé à un état d'obésité à l'âge adulte. Toutefois, les "fenêtres d'âge" critiques pour ce développement restent mal connues. Des chercheurs français auraient élucidé une partie du mystère.
Mieux connaître les causes de l'obésité infantileAlors que le surpoids de l'enfant inquiète de plus en plus, en raison notamment du risque pour l'enfant de demeurer en excès de poids toute sa vie, ses causes sont encore mal définies. Si l'alimentation et le manque d'exercice physique jouent certainement un rôle prépondérant dans cette évolution, il semblerait que des étapes sensibles de la croissance favoriseraient plus spécifiquement le développement du surpoids.
Des chercheurs de l'INSERM viennent de publier un article visant à identifier ces fenêtres, et se sont pour cela appuyés sur les données issues d'une étude scientifique célèbre ayant eu lieu dans la région de Lille, l'étude Fleurbaix-Laventie Ville Santé II.
Des fenêtres très étroitesLeur découverte a été rendue possible grâce à l'analyse des mesures anthropométriques de 468 adolescents de 8 à 17 ans et le gain de taille et de poids de ces mêmes adolescents à différents âges entre 0 et 5 ans. Les résultats montrent que les périodes de croissance ne présentent pas toutes les mêmes associations avec la masse grasse à l'adolescence.
Une prise de poids rapide à 3 mois, puis à partir de 3 ans présente la plus forte association avec le risque de surpoids ultérieur. Ainsi, à 3 mois, chaque augmentation de la vitesse de croissance de 143g par mois accroît le risque d'être en surpoids de 52%. Par contre, entre 1 et 2 ans, la vitesse de prise de poids ne montre pas d'association avec la masse grasse ultérieure.
Les filles plus sensiblesDe même, des différences ont été observées entre filles et garçons. La vitesse de croissance des garçons à 3 mois est associée à la fois avec la masse grasse et la masse musculaire ultérieures. En revanche, une croissance rapide chez les filles à cette période se traduira surtout par une augmentation de la masse grasse. Cette période serait donc plus à risque chez les filles que chez les garçons.
Vers 3 mois et après 3 ans
Cette étude confirme qu'après 3 ans, le risque de prendre du poids est important si l'attention n'est pas portée sur la qualité de l'alimentation. Elle apporte cependant un nouvel éclairage chez le nourrisson, avec une période particulièrement sensible (3 mois), au cours de laquelle il convient de prêter attention aux quantités de lait (autre que le lait maternel) données à bébé et un peu plus tard, à la diversification alimentaire.
En revanche il semble y avoir des périodes où les ressources nécessaires au développement de l'enfant sont telles que le risque de stocker un excès d'énergie sous forme de masse grasse est faible. C'est probablement le cas entre 1 et 2 ans: une réduction des apports énergétiques à cette période pourrait alors être préjudiciable.